lundi 17 décembre 2012

Cher Père Noël...



Cher Petit Papa Noël...!



A 33 ans, j'ai décidé de faire un truc de folie que je n'ai jamais fait avant aujourd'hui: t'écrire une lettre...!
Oui, oui, tu as bien lu: je n'ai jamais écrit de lettre au Père Noël avant ce jour.
La raison en est très simple: je n'ai jamais cru en toi...
Si, si, je le confesse aujourd'hui, noir sur blanc, sur ce blog lu par des millions de gens: je n'ai jamais cru au Père Noël...
Argh, je sais, ça fait mal...
Et sais-tu pourquoi je n'ai jamais cru au Père Noël? Tout simplement parce que dans ma famille, catholique (aïe, aïe, aïe, le premier gros mot vient d'être écrit... il faudra t'y faire, il y en aura d'autres du même champ lexical...), mes parents ne m'y ont jamais fait croire...
Le soir du 24 décembre, ce n'est pas le gros barbu dans son costume que j'attendais... C'était Celui à qui tu as , d'une certaine manière, volé la vedette.
Le soir du 24 décembre, j'attendais avec impatience la naissance de Jésus Christ, le petit bébé Jésus! Il avait cela de commun avec toi qu'Il était tout frippé. Mais Lui, c'est parce qu'Il était tout bébé-nourrisson. Pas toi mon Vieux...
Lui au moins, Il avait l'intelligence et l'esprit d'apporter les cadeaux au pied du sapin, à côté de la crèche, pendant que mes parents, mon frère, ma soeur et moi fêtions Sa venue avec tous pleins d'autres catholiques, comme nous, lors de la Messe de Minuit. Ben oui, au moins, Lui, Il ne se brûlait pas le fond du pantalon en essayant de passer par la cheminée... 
Et puis, l'avantage avec Jésus, c'est qu'après Sa naissance, on continuait à parler de Lui et de son Père, Dieu. Alors que toi, une fois Noël passé, pfffiout, tu disparaissais dans la poubelle remplie de papiers cadeaux...!
Jésus, je continuais donc à en parler, à apprendre des choses sur Sa vie lorsque j'allais au catéchisme. Oui, j'ai fait du catéchisme pendant plusieurs années et j'aimais bien me retrouver, avec les copains et les copines, le mercredi matin, pour écouter les histoires que nous racontait le prêtre. Et je vais t'avouer un truc: en 6 ans de catéchisme, je n'ai subi aucun attouchement, aucun regard lubrique ou autre geste déplacé de la part des prêtres conteurs d'histoire... Non, non, je te jure, rien de tout ça... Cela dit, une des catéchèse, parce qu'il y avait aussi des femmes catéchèses, m'a souvent prise dans ses bras, fait des bisous et elle m'a même vue nue quand j'étais toute, toute, toute petite et innocente.... Cette femme là, c'était ma mère... (ah, ah, je t'ai bien eu là! ).
Et puis est arrivé le Lycée où je passais beaucoup de temps dans la chapelle et à l'aumônerie. C'est dans mon Lycée que j'ai découvert ce qu'étaient les Catholiques Intégristes. Il y en avait tout un groupuscule. Je ne les ai jamais aimés. D'ailleurs, ils ne participaient pas aux offices du Lycée: trop "païens" à leur goût...! Ils critiquaient l'aumônier du Lycée: trop "open" à leur goût...!
Et c'est dans ce même lycée, plutôt porté catholique mais qui n'était cependant pas privé, qu'un enseignant m'a demandé, un jour, de ranger la petite croix en or que je portais autour du cou. J'ai accepté, sans rechigner, et j'ai dissimulé ce signe ostentatoire de confession sous le col de mon pull. Nous étions dans un établissement public et donc laïc. Même si elle était plutôt discrète, cette petite croix n'avait pas sa place.
Et puis je suis devenue étudiante... Pendant mes études, je me suis royalement ennuyée en cours de droit constitutionnel mais j'ai quand même retenu une partie de l'article Premier de la Constitution Française : La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. [Constitution de la Vème République du 4 octobre 1958]

Et puis tu vois, Père Noël, j'ai grandi, grandi, grandi et je suis devenue maman.
Seulement voilà, comme le papa de Magrande était d'une autre religion que la mienne (il était de confession Athée), nous avons fait des compromis et je t'ai laissé entrer dans ma maison, Père Noël. Je me suis toujours demandé comment tu réussissais à venir apporter les cadeaux au pied du sapin puisque nous vivions en appart', sans cheminée, et que tu ne connaissais pas le digicode.. Mais bon, passons outre ces questions techniques... Tu es donc entré dans ma maison et, malgré la crèche de Noël que je persistais à installer sous le sapin, c'est en toi que Magrande s'est mise à croire, bien que je ne l'y ai jamais poussée...!
J'avais beau être sa mère, j'ai respecté ses croyances d'enfant (la tolérance, ça s'appelle, non?! Un truc dans le genre...). Et j'ai respecté l'Athéisme du papa de Magrande. C'est d'ailleurs pour ça que Magrande n'est pas baptisée. J'estimais que, plus tard, si elle le souhaitait, elle pourrait elle même choisir d'entrer dans la famille des Catholiques car, vois-tu, on peut y entrer quand on veut dans cette famille. Elle t'accueille 24h/24 tout au long de ta vie...
Et pour en revenir à Noël et ses pratiques, je reconnais qu'aller seule à la Messe de Minuit, le 24 décembre, dans la nuit et le froid hivernaux, ça ne me bottait plus trop donc je me suis laissée tenter par les dogmes de l'Athéisme, tout en gardant cependant la Foi en mon Dieu à moi...

Et puis la vie a ses surprises et ses blessures...
Il y a presque 6 ans, le papa de Magrande et moi nous sommes séparés... Mes parents, toujours catholiques pratiquants, ne m'ont pas reniée. Ils m'ont soutenue.
Et il y a plus de 4 ans, j'ai fait le choix douloureux d'avorter... Mes parents, toujours catholiques pratiquants, ne m'ont pas pendu un crucifix autour du cou pour que Satan sorte de mon corps et que je garde ce bébé. Non, ils m'ont soutenue dans ce choix douloureux.
Ils m'ont apporté et m'apportent énormément d'amour... c'est ce que le Christianisme et le Catholiscisme prônent... L'Amour de son prochain...

Alors vois-tu Père Noël, quand j'entends depuis plusieurs mois des gens cracher sur ma religion et mes croyances, en brandissant le spectre de l'Inquisition, en faisant de tous les Catholiques de France et de Navarre un groupuscule d'extrêmistes intégristes aux valeurs rétrogrades et avilissantes, et bien je me sens blessée...
Moi qui avais plus ou moins laissé tomber ma confession catholique et m'étais plus ou moins convertie à l'athéisme, et bien, face à ces attaques détestables qui ne respectent tout simplement pas la liberté de croyance inscrite noire sur blanc dans notre Constitution, j'ai envie de crier haut et fort que j'appartiens à cette grande famille des Catholiques , que j'en suis très fière et que je le vis très bien.
Alors vois-tu Père Noël, maintenant que Magrande et sa fratrie de sang et de coeur ne croient plus en toi et qu'ils sont suffisamment grands pour bien comprendre l'origine et le sens de Noël, nous irons tous ensemble, cette année, à la grande Messe de Noël et, pour la première fois depuis bien des années, je rechanterai avec enthousiasme et bonheur les chants traditionnels de Noël, chantés par tous les membres de cette grande famille, partout dans le monde, en cette veillée du 24 décembre...

Et je pourrais, Père Noël, avoir une pensée pour tous ceux qui ont attaqué avec violence et virulence les membres de ma Famille et qui cependant se gaveront de Foie Gras et de Champagne, et qui se raviront du visage émerveillés de leurs enfants déballant les cadeaux de Noël...
Oui, je pourrais...

Mais je pense que ce soir là, lorsque nous rentrerons de la Messe, avec les enfants, nous nous hâterons d'installer le santon de Jésus dans la crèche et je regarderai, avec ravissement, ma petite famille déballer ses cadeaux et les visages émerveillés de mes enfants en ce réveillon de Noël...

Finalement, Père Noël, tes fidèles fêteront Noël de la même manière que ma famille...
Sauf que sans l'enfant Jésus, ils n'auraient jamais pu le faire puisque Noël n'aurait pas existé...

lundi 10 décembre 2012

Un petit caillou...

Je suis la première à râler quand les enfants ou le namoureux ne vident pas les poches de leurs pantalons, chemises, etc...
Et pourtant, je suis aussi la première à collectionner des trésors dans mes poches... surtout dans les grandes poches des manteaux...
Quel bonheur et quelle surprise de retrouver, l'hiver suivant, le bonbon oublié et fondu et tout collant dans la poche du manteau d'hiver...!

Pourtant, dans ce même manteau au bonbon collant, mais dans une autre poche, j'ai retrouvé un caillou...
Oui, un caillou...
Et bien sûr, je me suis immédiatement souvenue d'où provenait ce caillou qui traîne dans ma poche depuis plusieurs mois... depuis le mois de février...

Alors que j'étais enceinte de 6 mois et demi, le Namoureux et moi avions décidé de profiter d'un week-end sans les grands enfants pour nous échapper et nous retrouver encore un peu à deux!
Direction le Nord-Finistère, à Carantec où nous avions réservé une chambre d'hôtes. Nous avions prévu de nous y balader le matin puis de visiter Roscoff et Saint-Pol de Léon le restant de la journée. Escapade de 24h bien soutenue, en visites, en théorie...
Car, dans la pratique, évidemment, rien ne s'est passé comme prévu...


A Carantec, il y a une petite île, appelée Ile Callot... Elle est reliée au continent par une route, d'un petit kilomètre de long, je pense. La spécificité de l'île est que la route qui permet d'accéder au continent, et inversement, est submersible. En clair, avant de s'aventurer sur l'île, il faut prendre connaissance des horaires de marées pour ne pas avoir les pieds dans l'eau ou rester coincé sur l'île.
Evidemment, n'étant pas trop neuneux, le Namoureux et moi, nous avons pris connaissance des horaires affichés et, instinctivement, nous avons aussi pris nos sacs de rando avec tout ce qui va bien dedans pour boire, manger et se mettre au sec... Nous pensions faire une petite balade d'une heure sur ce bout de caillou...
Hop, voiture bien garée sur le continent, sac à dos sur le dos et chaussures de rando aux pieds, nous voici partis visiter cette petite île.


Petite, elle l'est... Quelques maisons dont une seule est habitée à l'année...
Une chapelle, refuge des marins...
Et voilà, toute la vie et l'animation de l'île se résument à ces quelques détails...
Bien entendu, les paysages sont très beaux, les cultures de choux et d'artichauts nous rappellent que nous sommes bien dans le Pays du Léon...
Nous croisons quand même un autochtone qui nous invite à rejoindre le continent car la mer monte...
Nous hâtons le pas mais, je rappelle que je porte un bébé de 6 mois dans mon ventre, pas assez vite et, lorsque nous arrivons au bout de l'île, au début de la route qui devrait nous ramener au continent, nous ne pouvons que constater que l'eau a recouvert la dite route et que nous sommes ... coincés...

Coincés...
Honnêtement, j'étais prête à traverser à la nage pour rejoindre le continent. Nous avions des vêtements propres et secs dans la voiture, let's go...
C'était sans compter la sagesse du Namoureux qui m'a rappelé mon lest ventral, la température de l'eau à cette période de l'année et surtout le risque d'éventuels courants marins... 
Coincés...
Il nous fallait désormais attendre la prochaine marée basse.... soit le temps que la marée qui nous bloquait finisse de monter et qu'elle descende ensuite pour nous laisser passer... Ca faisait un bon 7h-8h à attendre...
Coincés...
Il était midi, nous avions entre 7h et 8h à attendre sur un caillou où il n'y avait RIEN, nous étions au mois de février, dans le nord Finistère, exposés aux vents, à la pluie quasi certaine, aux températures frisquettes, et pas un troquet aux alentours où nous mettre à l'abri, au chaud, si ce n'est la chapelle...
Coincés... et angoissés...
Qu'allions nous faire tout ce temps?




Et bien pendant toutes ces heures, nous avons pris le temps....
Nous avons pris le temps de manger, pendant une averse, à l'abri de cette chapelle qui fut pour nous un refuge d'un instant...
Nous avons pris le temps de visiter ce magnifique petit bout de terre, d'explorer tous ses coins et ses recoins, d'escalader les rochers, ...

Nous avons pris le temps de regarder l'océan, de nous émerveiller devant les différentes teintes qu'il prenait en fonction de la couleur du ciel... Une vraie harmonie entre le ciel et l'eau...
Le Namoureux a pris le temps de faire des photos comme il le voulait, sans que je le presse de faire sa photo et voilà... Nous avions le temps qu'il prenne le temps...
J'ai pris le temps de ramasser des galets dans le sable et d'écrire, à la seule vue du ciel et des mouettes, le prénom que nous avions choisi pour le bébé qui prenait le temps de grandir dans mon ventre... C'est d'ailleurs de ce moment que proviens mon petit caillou...
Nous avons pris le temps de discuter, beaucoup, et encore plus que d'habitude mais aussi d'être silencieux, ensemble, chacun dans ses pensées...
Nous avons pris le temps d'aller à la rencontre du seul couple qui habite à l'année sur l'île; lui est né sur cette île et il y mourra... Elle, l'île l'a adoptée... A plus de 80 ans, ils ont pris le temps de nous offrir un café chaud et de nous raconter 1001 anecdotes de cette île. Car des naufragés, comme nous, il y a en a tous les ans... plus ou moins imprudents. Des fins tragiques, il y en a eu également...

La nôtre ne le fut pas, heureusement...
Alors que la nuit tombait, le vieux monsieur nous a indiqué un chemin, par un banc de sable, qui nous permettrait de passer et de rentrer sur le continent avant que la mer ne soit complètement basse...
Curieusement, le temps est devenu vraiment mauvais... Le crachin est devenu de plus en plus épais, le vent de plus en plus fort...
Nous avions les pieds mouillés et malgré nos ponchos, nous nous sentions trempés...
Pour ma part, j'étais angoissée... Marcher sur un banc de sable sur lequel on distingue à peine le relief, dans la nuit, le froid, la pluie... me faisait peur...
Mais je voyais les lumières du continent... la Terre Promise...

Et puis nous avons enfin mis un pied sur la "terre ferme"...
Et puis nous avons rejoins notre voiture...
Et puis nous avons rejoins notre chambre d'hôtes, trempés jusqu'aux os...
Et puis nous avons apprécié cette chambre chaude et sèche, ce bain chaud et moussant, ce kig ha farz chaud et succulent, ce verre de vin goûtu et chaleureux et ce grand lit chaud et moelleux où nous nous sommes endormis, épuisés par ces huits heures passées au grand air... 

Je suis contente d'avoir retrouvé ce petit caillou dans ma poche...
Il m'a rappelé cette inoubliable journée...
Il me rappelle combien il est important de savoir prendre le temps... Que 1001 choses nous échappent si nous ne prenons pas le temps de les regarder...
Et il me rappellera qu'il faudra quand même, un jour, qu'on aille visiter Roscoff et Saint-Pol de Léon...