J’ai
lu et relu avec une grande attention une argumentation défendant le mariage « traditionnel »
et s’opposant au « mariage pour tous ».
(Si cela vous intéresse de la lire, voici le lien : https://www.facebook.com/TouchePasAMonMariage?ref=stream)
(Si cela vous intéresse de la lire, voici le lien : https://www.facebook.com/TouchePasAMonMariage?ref=stream)
Pour
ma part, je n’ai pas franchement d’avis et d’opinion tranchés sur la question
puisque je ne suis moi-même pas mariée, ce qui ne m’a nullement empêché de
fonder une famille, une grande famille complexe et multiple que l’on qualifie,
de nos jours, de « recomposée ».
Je
ne suis donc pas mariée et ne me sens donc finalement aucunement concernée par la
sauvegarde du mariage « traditionnel » mais certains points soulevés
dans l’argumentation m’ont interpelée… !
Tout
d’abord, si je m’efforce de comprendre la pensée de son auteur, le mariage
reste la seule institution viable et pérenne par laquelle un homme et une femme
s’unissent pour vivre en commun et fonder une famille.
La
crainte de l’auteur semble résider dans le fait que l’accès au mariage à toute
personne souhaitant s’unir à une autre, qu’elles soient de sexes opposés ou de
même sexe, puisse mettre en péril le fondement de la famille.
D’après
l’auteur, on se marie pour fonder une famille.
C’est
sur ces deux points que je souhaiterais réagir et proposer ma vision des
choses.
1
– Non, on ne se marie pas uniquement pour fonder une famille.
Aujourd’hui,
en 2012, on se marie aussi pour payer moins d’impôts, pour faciliter les
questions de successions en cas de biens immobiliers communs, pour faire plaisir
à ses parents et à ses proches, pour jouer à la princesse le temps d’une
journée, parce qu’être marié(e) est plus gratifiant socialement qu’être
célibataire, pour acquérir la nationalité française et puis parce qu’on s’aime
et qu’on a envie d’officialiser cet amour. Certes, le mariage a une définition
précise dans le code civil et cette définition n’évoque pas la dimension
amoureuse et affective. Certes, étymologiquement, le nom « mariage » provient des termes latins matrimonium et
maritare, dérivant respectivement de mater, la mère, et de mas / maris, le mâle.
Le mariage est donc la forme juridique par laquelle la femme se prépare à
devenir mère par sa rencontre avec un homme. [Wikipédia]
Donc,
oui, si l’on s’en tient stricto sensu aux définitions, le mariage appelle au
fondement d’une famille mais pas uniquement et pas systématiquement. Pour ma
part, je connais des couples mariés qui n’ont pas d’enfant parce qu’ils ne
peuvent biologiquement pas en avoir mais aussi parce qu’ils N’en veulent PAS.
Seront-ils pour autant montré du doigt alors que, institutionnellement et
juridiquement, ils n’ont pas « respecté » le mariage dans sa définition ?
Pourquoi accepterait-on de couples hétérosexuels mariés qu’ils n’aient pas d’enfant
mais refuserait-on à des couples homosexuels de se marier et de fonder une famille ?
Pourquoi le premier cas n’interpelle-t-il pas l’opinion alors que,
théoriquement, un homme et une femme se sont unis pour procréer et ne le font
pas ?
Est-ce
que des couples homosexuels mariés se lanceront forcément dans l’aventure de
la « famille » ?
N’ont-ils
pas juste envie que leur union soit institutionnalisée comme celle de n’importe
quel couple qui s’est marié ?
2
– Non, le mariage n’est pas l’institution royale pour fonder une famille.
Le
concubinage, ou union libre, existe depuis l’Antiquité mais n’ayant jamais été
institutionnalisé comme le mariage, les couples vivant sous cette forme d’union
ont longtemps été montrés du doigt et jugés « immoraux ».
Comme
j’ai pu en faire part précédemment, je n’ai jamais été et ne suis pas mariée.
En revanche, j’ai vécu quelques années en union libre avec un homme. De cette
union est née une enfant. Nous avons donc, alors que nous n’étions nullement
mariés, fondé une famille, reconnue par le Livret de Famille qui nous a été
remis par l’Etat. Mon conjoint de l’époque et moi-même étions donc bien dénommés
« Père » et « Mère » de cette enfant née hors mariage. Par
la suite, je me suis séparée du père de ma première fille et j’ai, depuis,
refait ma vie avec un autre homme, divorcé, lui-même père de 2 enfants. Nous
avons donc recomposé une famille avec les enfants de nos précédentes unions. Nous
ne nous sommes pas mariés mais pacsés. De notre union, toujours hors mariage,
est née une autre petite fille. Cette enfant a bien un « père » et
une « mère », comme l’atteste le Livret de Famille qui nous a été
remis après sa naissance.
Le
mariage n’est donc pas la seule institution qui permet et permettra de fonder
une ou des familles. J’emploie le terme "famille" au pluriel car, selon moi, il n’y
a pas une mais des familles. Ce sera mon point suivant.
Des
familles homoparentales, cela existe déjà et il n’y a pas eu besoin d’attendre
l’officialisation du mariage pour tous.
Ils
ne sont certes pas nombreux mais certains couples, mariés « classiquement »
ou non, et ayant fondé une famille, ont divorcé ou se sont séparés car l’homme
ou la femme a fait ce qu’on appelle aujourd’hui son « coming-out ».
Après des années de vie de couple marié hétérosexuel, la femme, mère de
famille, ayant avoué son homosexualité, décide de partir vivre avec sa
compagne. Quid des enfants ? N’iront-ils pas vivre en garde alternée ou un
week-end sur deux ou en garde complète dans une famille homoparentale ?
Certes,
cet exemple reste sans doute une exception mais, comme toute exception qui
confirme la règle, il prouve qu’on se ment quant à l’homoparentalité car elle
EXISTE déjà !
3
– Il n’y a pas UNE mais DES familles.
La
famille évolue.
Jusqu’à
la fin du XIXème – début du XXème siècle peut-être, les mariages étaient encore
arrangés. Je parle de la France puisque dans d’autres pays, cela est toujours
la coutume…
On
fondait donc une famille par devoir et non véritablement par droit ou par choix.
Sous
un même toit vivaient plusieurs générations : 2 ou 3 maximum puisque l’espérance
de vie n’étaient pas aussi importante qu’actuellement.
Cette
famille intergénérationnelle a évolué et, dans les années 1970, le démographe
Emmanuel Todd a mis en avant un nouveau type de famille appelé famille
nucléaire. Ce type de famille est, à l’opposé de la famille élargie
intergénérationnelle, une forme de
structure familiale correspondant à une famille regroupant :soit deux parents
mariés ou non ainsi que leurs enfants ; ou un couple d'adultes sans enfant ;ou
alors un adulte et son ou ses enfants.
Dans
cette forme de famille, le mariage n’est pas « obligatoire ». Une
mère seule avec son enfant forme une famille. Un couple homosexuel en union
libre forme également une famille.
Depuis
les années 70, la structure familiale a encore évolué, notamment avec l’explosion
du nombre de divorces et de séparations.
Une
nouvelle structure familiale est apparue : la famille recomposée.
Prenons
l’exemple d’une famille recomposée que je connais bien : la mienne
Dans
cette famille, il y a donc Mr E (mon conjoint) et Melle M (moi-même), ainsi que
4 enfants : n°1, n°2, n°3 et n°4.
N°1
et n°3 sont les enfants de Mr E ; n°2 est la fille de Melle M ; et
n°4 est l’enfant commune à Mr E et Melle M
-
N°1
et n°3 ont une maman, certes, mais aussi une belle-maman (moi) soit deux figures
maternelles dans leur vie. Idem pour n°2 qui a son papa et son beau-papa soit
deux figures paternelles. Certes, les deux figures maternelles ne vivent pas
sous le même toit et les deux figures paternelles non plus. Mais finalement,
pour les enfants, n’ont-ils pas 2 fois 2 référents du même sexe ?
-
Melle
M n’a aucun lien de parenté biologique et/ou institutionnel avec N°1 et N°3 mais, elle est la mère de leur petite sœur (oui, soyons précis, de leur demi-sœur).
Si Mr E venait à décéder, qu’adviendrait-il du lien entre Melle M et n°1 et n°3 ?
-
N°2
vit à plein temps avec Melle M et Mr E. Mr E, bien qu’il ne soit pas le père
biologique de n°2, ne remplit-il pas, d’une certaine manière, un rôle de parent ?
Faut-il être lié par le sang et la génétique pour être parent ? Et le fait
que Mr E puisse être considéré comme un parent de n°2, cela ôte-t-il au papa de
n°2 son statut de père ?
4
– Et les enfants dans tout ça ?
Parce
qu’un enfant naît, naturellement, de l’union d’un homme et d’une femme, les
détracteurs du mariage pour tous et de l’homoparentalité attisent les braises de
dérives possibles pour faire peur.
Quelles
sont ces dérives possibles ?
-
Le
boom des fécondations in vitro ?
-
La
légalisation des mères porteuses ?
-
Le
trafic d’enfants ?
Tout
ceci existe déjà… Y aura-t-il un accroissement de ces pratiques ? Je ne
suis pas devin… Mais certains couples homosexuels n’ont pas attendu le débat
sur le mariage pour tous et l’homoparentalité pour y faire appel…
L’opinion
s’inquiète aussi de la santé psychique et morale des enfants de famille
homoparentales.
Les
enfants des familles recomposées parviennent à trouver leur place au milieu de
leur père, de leur mère, de leur beau-père, de leur belle-mère, de leur ½ frère
et ½ sœur. Pourquoi les enfants de famille homoparentale ne trouveraient-ils
pas leur compte ?
Il y a à peine un siècle, on traitait de bâtard l'enfant n'est d'une union illégitime c'est-à-dire hors mariage. De nos jours, il ne viendrait à l'esprit de personne de traiter de "bâtard" un enfant né d'un couple non marié.
Il
y a quelques décennies, être enfant de parents divorcés étaient une honte.
Maintenant, c’est devenu commun et les enfants ne sont plus montrés du doigt.
Pourquoi n’en serait-il pas de même avec des enfants vivant dans une famille
homoparentale ?
Le
mariage pour tous ne mettra pas en péril le mariage traditionnel et la famille « classique »
que certains veulent préserver, et c’est leur droit.
En
revanche, il amènera peut-être à revoir véritablement la manière d’envisager la
(ou les) famille(s) et la définition de la « parentalité ».
La
société évolue, bien ou mal, je ne sais pas. Elle évolue, c’est factuel.
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